Issue d’une famille où les œuvres étaient nombreuses, accrochées aux murs autant de la maison familiale que celle des grands-parents, Hélène DeSerres a été exposée au « beau » dès sa tendre enfance. Toute petite, elle se souvient avoir aimer jouer avec les pastels ; déjà le monde animal la fascinait, les oiseaux étant alors ses sujets à colorier préférés. Elle était à des années lumières de savoir qu’un jour, des personnages du monde animalier étaient pour peupler son imaginaire et marquer sa création.
Adulte, elle reprit le crayon en s’inscrivant au cours d’enseignement des arts plastiques offert par l’université de Concordia à Montréal, alors appelé Sir George Williams. Puis ce fut la découverte de l’atelier d’Albert Rousseau, un artiste qui l’aura impressionnée de par la vitesse folle de son exécution. Puis ce fut au tour de la pierre à savon, un matériau qui eu préséance sur la peinture pendant quelque temps. À partir de ce moment là, la matière et ses multiples applications seront présentes dans l’art d’Hélène, sur la toile ou en 3D.
C’était l’époque du retour à la terre et après un séjour prolongé à la ferme où elle éleva ses deux enfants, elle s’installa à nouveau à Montréal. En 1980 elle s’inscrit à un cour d’aquarelle au Centre des Arts Visuels. Sa rencontre avec Rousseau l’avait marquée : elle voulait découvrir ses secrets. Un autre moment d’importance dans sa carrière fut celui passé avec André Turpin. Il lui offre d’enseigner la sculpture en glaise. Elle découvre alors Ming Ma et est fascinée par ses aquarelles inspirées des techniques de la peinture chinoise. A l’hiver 1993, elle réalise trois sculptures grandeur nature coulées en résine et fibre de verre. Elle s’inscrit au Cercle des Artistes-peintres de Québec et y est acceptée à l’automne 1994. En 1995 elle apprend à travailler la cire perdue à l’Instituto Allende à San Miguel de Allende au Mexique. C’est le coup de foudre: elle coule ses premiers bronzes.
Hélène DeSerres joue avec les formes, peu importe le défi que lui imposera la matière. Elle aime y confronter des idées et dit créer de façon organique. Son parcours éclectique y joue pour beaucoup : de l’aquarelle à la glaise, de la cire perdu au bronze, du crayon à l’acrylique, tous ces matériaux lui servent de toile de fond et c’est avec légèreté qu’elle les amène à se transformer en tableaux qu’elle qualifiera d’intuitifs. Parce qu’Hélène n’aime pas mettre des mots à ses œuvres et encore moins discourir sur sa méthode ! Dans son atelier, elle dit plutôt faire des « expériences » et laisser son subconscient travailler. Visant toujours et encore la souplesse, elle avouera être préoccupée par les changements climatiques et tout ce chamboulement que nous connaissons aujourd’hui. De cette conscience émergeront alors des formes, des couleurs fusionnées qui traduiront un discours engagé et sans compromis.